Icônes
l'invisible
sérénité
Au Château
de Courcelles,
Montigny-lès-Metz
Du 12 mars
au 29 mai 2011
Exposition ouverte les vendredi, samedi et dimanche,
de 14h à 18h, ou sur rendez-vous.
Entrée libre
Exposition de 50 pièces originales issues de la collection
particulière de M. Norbert Vogel, Château de Landonvillers.
www.montigny-les-metz.fr
Présentation
La Ville de Montigny-lès-Metz présente au Château de
Courcelles une exposition sur les icônes, patrimoine
culturel peu connu où l’art se dispute à l’histoire.
Cette exposition a pu être réalisée grâce au partenariat
engagé entre la Ville et Norbert Vogel, Château de
Landonvillers.
Sa passion de collectionneur nous permet d’offrir
aujourd’hui au public près de 50 pièces originales,
remarquables de beauté et de mystère, du XVIIème
au XXème siècle, issues pour la plupart de la terre Russe.
Précieuse et populaire à la fois, cette peinture sur bois
décline les chemins de la spiritualité chrétienne,
autour des figures du Christ Roi, de la tendre Madone,
des saints médiateurs entre Dieu et l’Homme, mais
aussi des légendes antiques et récits bibliques.
Témoignages de l’histoire et de la foi orthodoxe,
majesté et splendeur des icônes portent l’art sacré
de Russie jusqu’en notre pays messin.
L'icône, présence vivante
Icône et spiritualité
L’icône est bien plus qu’une simple peinture religieuse.
Bien plus qu’une image, elle est la révélation même du
personnage représenté.
Le mot « Icône » vient du grec eikon, qui signifie « image »
ou « ressemblance ».
Ce terme désigne principalement les peintures exécutées
sur des panneaux de bois mobiles avec des pigments
minéraux ou végétaux liés au jaune d’oeuf.
Cette technique est dite a tempera ou à la détrempe.
On trouve également des icônes de voyage en bronze,
parfois magnifiquement émaillées, que le voyageur ou
le soldat pouvait facilement porter sur soi ou glisser
dans ses bagages.
Issues de la foi orthodoxe, ces oeuvres sont présentes
principalement en Russie, en Grèce et dans les pays
slaves.
L’Ethiopie, grâce à l’existence de l’Eglise copte, connaît
également une production d’icônes, souvent séduisantes
par leur facture proche de la peinture naïve.
Les thèmes, de nature spirituelle ou symbolique,
devaient correspondre à des canons stricts et
pratiquement immuables, imposés par les instances
ecclésiastiques.
Il ne restait ainsi que très peu de place à l’expression
personnelle de l’artiste, qui devait s’effacer derrière le
message spirituel transmis.
La finalité de l’icône a toujours été double.
Elle est prière et méditation mises en peinture, ou en
« écriture », et on parle volontiers d’ « iconographie ».
De plus, l’image avait jadis une fonction pédagogique :
elle enseignait les Saintes Ecritures et la vie des martyrs
et des Saints à une population souvent illettrée.
Les icônes ont toujours été vénérées dans les églises,
les monastères et couvents, et dans les familles.
Traditionnellement, chaque foyer de croyants possédait
un oratoire nommé le « bel angle », qui abritait ces
trésors spirituels privés.
Deux millénaires d'icônes
Les « portraits du Fayoum », masques funéraires
romano-égyptiens des IIème et IIIème siècles, peuvent
être considérés comme les ancêtres des icônes, tout
autant que les portraits des souverains du monde
hellénique et de l’empire romain, objets d’une fervente
adoration.
Dès le début de notre ère, les croyants gardèrent chez
eux ou dans des lieux spécifiques, des images peintes
du Christ, de la Vierge, des martyrs et premiers
personnages sanctifiés.
A partir du VIème siècle, les icônes furent diffusées
partout dans l’empire byzantin et un riche culte leur
fut voué.
Cependant, les iconoclastes refusant la représentation
en image de la divinité furent à l’origine de la destruction
de nombre de ces trésors sacrés.
Après l’an mille, lorsque le Christianisme devint la
religion officielle en Russie, de nombreux moines
peintres essaimèrent à travers toutes les régions de cet
immense territoire et transmirent leur tradition et leur
savoir-faire.
La Renaissance italienne apporta une influence
occidentale remarquable qui provoqua néanmoins une
scission avec les anciens, « les vieux croyants », qui
continuèrent à peindre dans la tradition antique épurée.
Au XIXème siècle, cet art d’exception fut partiellement
dénaturé par une production semi-industrielle, en
opposition avec la pureté méditative et l’ascèse du
peintre d’icônes traditionnel. Même si les agitations
de l’histoire devaient entraîner, avec la ruine des
édifices du culte, des destructions majeures, la
ferveur populaire protégea et sauvegarda des
trésors artistiques inestimables en des lieux privilégiés.
Bien qu’à nouveau des iconographes tentent de
retrouver les secrets de cet art millénaire, transmis
uniquement par tradition orale de maître à élève,
les rares icônes anciennes n’ont pu être égalées.
Leur profond rayonnement mystique et la qualité
extrême de leur exécution ne laissent jamais le
spectateur indifférent.
Techniques de l’icône
Les premières icônes chrétiennes ont presque toutes
été détruites durant la période iconoclaste.
Quelques-unes ont survécu jusqu'à nous, ainsi
au Monastère Sainte-Catherine du Sinaï. Réalisées
selon la technique de l'encaustique, elles sont
assez proches des peintures funéraires d'Égypte
telles que nous les connaissons par les portraits
du Fayoum.
La technique évolua ensuite vers la "détrempe" ou
a tempera, encore utilisée aujourd'hui.
Le support
L'icône est réalisée sur une planche de bois exempte
de noeud.
Tous les bois peuvent théoriquement être utilisés
pour confectionner les planches, à condition d'être
bien secs.
En conséquence, durant des siècles, l'iconographe,
généralement un moine, utilisa le bois qu'il trouvait
dans les environs.
Le tilleul semble le plus adéquat : très homogène et
tendre, il fend peu et se révèle facile à travailler.
La surface à peindre, parfaitement plane, peut aussi
être légèrement creusée sur 3 ou 4 mm d'épaisseur, en
ménageant un bord d'un centimètre environ.
Au XVIIème siècle, les icônes russes présentent souvent
un double rebord.
Sur ce fond, on étend à chaud de la colle de peau,
puis une fine toile.
Cette toile est ensuite recouverte par plusieurs couches
d'un mélange de colle et de poudre d'albâtre, le levkas,
qui après séchage est poncé pour obtenir une surface
uniforme.
La réalisation
Sur la planche ainsi préparée, l'iconographe reporte
le dessin de l'icône. Les traits du dessin sont ensuite
légèrement gravés dans le levkas.
Si la feuille d’or est utilisée, elle est alors posée et
symbolise ainsi la dimension transcendante et éternelle.
Vient l'étape de la peinture, réalisée à partir de pigments
naturels minéraux (ocres, oxydes métallique, etc.) ou
animaux (noir d'ivoire, etc.).
Les pigments mélangés à du jaune d'oeuf et de l'eau
sont déposés au pinceau « en roulant la goutte », en
commençant par les teintes les plus sombres pour
aller vers les plus claires.
Pour les parties du corps visibles, visage et mains,
l'iconographe pose d'abord un fond ocre sombre,
le proplasme, à partir duquel il fait ressortir les traits.
Les modèles doivent comporter des indications écrites
précisant la personne ou le thème représenté.
Enfin, l'icône est protégée par une préparation à base
d'huile de lin, l'olifa, assurant sa conservation.
(Visuels Ville de Montigny-lès-Metz)